Le mois sacré du Ramadan en Arabie Saoudite représente une période spirituelle exceptionnelle qui transforme le rythme de vie des habitants du royaume. En 2023, cette observance s’est déroulée du 22 mars au 21 avril, marquant un temps de dévotion intense pour les musulmans saoudiens. Cette période revêt une importance particulière dans ce pays gardien des deux lieux saints de l’Islam, La Mecque et Médine. Pour les sportifs professionnels, notamment les footballeurs évoluant dans la Saudi Pro League, le Ramadan constitue un défi considérable qui mêle exigences religieuses et performances athlétiques de haut niveau.
Comprendre le Ramadan et son impact sur le sport professionnel
Le Ramadan constitue l’un des cinq piliers fondamentaux de l’Islam. Durant ce mois, les musulmans s’abstiennent de nourriture, boisson et autres plaisirs terrestres du lever au coucher du soleil. En Arabie Saoudite, berceau de l’Islam, cette pratique est observée avec une rigueur particulière sous l’influence de l’interprétation wahhabi dominante.
Pour les sportifs professionnels, ce jeûne quotidien engendre des défis physiologiques significatifs. La déshydratation représente le risque principal dans un pays où les températures printanières peuvent dépasser 35°C. Les études scientifiques prouvent que l’abstinence de liquides durant 12 à 14 heures peut réduire les performances de 20 à 30%, particulièrement en termes d’endurance et de vitesse.
Impacts physiologiques sur les footballeurs
Les recherches menées par des institutions sportives saoudiennes révèlent que le jeûne affecte la récupération musculaire et perturbe les cycles de sommeil des athlètes. La fatigue accumulée augmente également les risques de blessures. Paradoxalement, certains joueurs témoignent d’une concentration spirituelle accrue qui compense partiellement ces inconvénients physiques, créant une force mentale supplémentaire durant les compétitions.
Les adaptations des équipes saoudiennes pendant le mois sacré

Les clubs de football saoudiens, piliers de la Vision 2030 pour diversifier l’économie du royaume au-delà des hydrocarbures, ont développé des stratégies spécifiques durant le Ramadan. Al-Nassr, Al-Hilal et autres formations prestigieuses réorganisent entièrement leur planning d’entraînement pendant cette période.
Les séances intensives sont systématiquement déplacées après l’iftar (rupture du jeûne), généralement entre 21h et 23h. Les matchs officiels sont également reprogrammés en soirée, évitant ainsi les heures les plus chaudes et permettant aux joueurs de s’hydrater. Cette réorganisation représente un défi logistique considérable pour les ligues professionnelles.
Les infrastructures des clubs s’adaptent également avec des salles spéciales mises à disposition pour la prière et la rupture du jeûne collective. Ces espaces deviennent des lieux de cohésion d’équipe importants qui renforcent l’unité du groupe pendant cette période spirituelle intense.
Nutrition et performance footballistique durant le Ramadan
Phase | Horaire | Nutrition recommandée |
---|---|---|
Suhoor (avant l’aube) | 3h30-4h30 | Protéines lentes, hydrates de carbone complexes, fruits secs |
Iftar (rupture du jeûne) | 18h30-19h30 | Dattes, soupe, électrolytes, protéines facilement digestibles |
Post-entraînement | 23h00-00h00 | Protéines rapides, boissons de récupération, antioxydants |
Les nutritionnistes des clubs saoudiens élaborent des plans alimentaires spécifiques qui maximisent l’apport calorique et nutritionnel pendant les heures nocturnes. La rupture du jeûne traditionnelle avec des dattes et du Vimto (boisson populaire durant le Ramadan) s’enrichit de compléments protéinés et de boissons électrolytiques spécifiquement formulées pour les sportifs.
Le suhoor, dernier repas avant l’aube, revêt une importance capitale. Les experts recommandent aux joueurs de consommer:
- Des protéines à libération lente comme le poulet dans le kabsa traditionnel
- Des glucides complexes présents dans le tamees bread pour une énergie prolongée
- Des graisses saines et des fruits secs pour maintenir la satiété durant la journée
Les stars musulmanes du football et leur gestion du Ramadan

De nombreuses stars internationales évoluant en Arabie Saoudite ont partagé leurs expériences du jeûne tout en maintenant leur niveau d’excellence. Certains joueurs, comme ceux originaires de Jizan dans le sud du royaume, s’appuient sur des traditions familiales spécifiques pour gérer cette période.
Les approches varient considérablement selon les athlètes. Certains observent strictement le jeûne quelles que soient les circonstances, tandis que d’autres utilisent des dispenses religieuses accordées aux voyageurs ou aux personnes exerçant des métiers physiquement exigeants. Cette diversité d’approches reflète la richesse d’interprétation au sein de l’umma (communauté musulmane) mondiale.
- Adaptation progressive avec réduction de l’intensité des entraînements en début de Ramadan
- Gestion scientifique du sommeil avec siestes stratégiques pour compenser les nuits écourtées
- Utilisation de chambres à oxygène et thérapies de récupération avancées après les matchs
- Monitoring constant des marqueurs de déshydratation et ajustements personnalisés
L’influence du Ramadan sur le football saoudien et son rayonnement international
Le Ramadan façonne profondément l’identité du football saoudien et son image internationale. Les clubs organisent des tournois caritatifs pour la distribution de la zakat al-fitr (aumône obligatoire) et participent activement à des initiatives communautaires, renforçant leur ancrage social.
Cette période voit également fleurir des partenariats spécifiques entre les équipes et des marques qui capitalisent sur l’attention accrue portée aux médias pendant les soirées de Ramadan. Ces initiatives contribuent au rayonnement international du football saoudien, notamment dans les communautés musulmanes mondiales.
La Fédération saoudienne de football utilise stratégiquement cette période pour promouvoir ses ambitions internationales, notamment sa candidature à l’organisation de la Coupe du Monde 2034. Le royaume confirme ainsi sa capacité à gérer des événements sportifs majeurs tout en respectant ses traditions religieuses, un argument fort dans sa stratégie de soft power au Moyen-Orient et au-delà.