Comment faire l’iqama pendant la prière musulmane : signification et pratique

Fatima Al-Hakim

Comment faire l'iqama pendant la prière musulmane : signification et pratique

L’iqama représente un moment crucial dans les faits quotidienne du musulman. Ce second appel à la prière musulmane annonce le début imminent de la salat et invite les fidèles à se préparer spirituellement. Contrairement à l’adhan qui résonne publiquement, l’iqama se récite directement dans le lieu de prière, créant une transition entre le monde extérieur et l’acte d’adoration. Cet article détaille la signification spirituelle de l’iqama, explique comment l’exécuter correctement et présente les invocations recommandées pendant cette période bénie.

## Qu’est-ce que l’Iqama : définition et importance spirituelle

L’iqama, terme dérivé de la racine arabe signifiant « se lever » ou « établir », constitue le second appel annonçant le commencement immédiat de la prière obligatoire (Faratah). Ce rituel essentiel suit l’adhan et marque la transition finale avant d’entrer en communion avec Allah. Contrairement à l’adhan qui s’adresse à la communauté élargie, l’iqama s’adresse spécifiquement aux fidèles déjà présents dans la mosquée ou le lieu de prière.

Les différences entre adhan et iqama sont notables. L’iqama est plus courte, récitée plus rapidement et généralement à voix moins élevée. Selon plusieurs hadiths rapportés par Mouslim et Al-Tirmidhi, le Prophète Muhammad accordait une importance particulière à ce rituel. Le statut juridique de l’iqama varie selon les écoles de jurisprudence islamique : obligatoire (wajib) pour l’école hanafite de l’Imam Abu Hanifa, fortement recommandée (sunnah mu’akkadah) pour les écoles malikite, chaféite et hanbalite selon les interprétations d’érudits comme l’Imam Malik, Al-Sarakhsî et Ibn Qudâmah.

### La valeur spirituelle de l’iqama

L’iqama joue un rôle fondamental dans la préparation spirituelle du fidèle. Elle constitue cette dernière opportunité de concentration avant l’entrée en prière et adoration. Comme l’expliquait ʿAbd Allâh Ibn Mas’ûd, compagnon du Prophète : « L’iqama purifie l’intention et aligne le cœur vers Allah. » Ce moment transitoire permet au croyant d’abandonner les préoccupations mondaines pour se tourner exclusivement vers son Créateur.

Cette pause spirituelle favorise le recueillement nécessaire pour accomplir la salat avec khushu’ (humilité et concentration). Elle rappelle au fidèle qu’il s’apprête à se tenir devant Allah, comme l’évoquait ʿAbd Allâh Ibn ʿOmar selon les transmissions de Nâfi’. L’iqama transforme ainsi l’état d’esprit du musulman, le préparant à vivre pleinement cette connexion spirituelle.

## Comment prononcer correctement l’iqama pendant la prière

Pour prononcer l’iqama, le muezzin ou le fidèle se tient debout, face à la qibla, dans une posture respectueuse. La récitation se fait d’une voix modérée, audible pour les présents sans être excessivement forte. Dans les prières en congrégation, c’est généralement le muezzin qui la prononce, tandis que pour les prières individuelles, chaque fidèle peut réciter sa propre iqama.

La formulation standard de l’iqama comporte les phrases suivantes :

  • Allahu Akbar, Allahu Akbar (Allah est parmi les plus le plus grands, Allah est un des plus le plus grands)
  • Ash-hadu an la ilaha illa Allah (J’atteste qu’il n’y a de divinité qu’Allah)
  • Ash-hadu anna Muhammadan Rasulullah (J’atteste que Muhammad est le Messager d’Allah)
  • Hayya ‘ala as-Salah (Venez à la prière)
  • Hayya ‘ala al-Falah (Venez à la réussite)
  • Qad qamati as-Salah, Qad qamati as-Salah (La prière commence maintenant)
  • Allahu Akbar, Allahu Akbar (Allah est remarquablement le plus grand, Allah est extrêmement le plus grand)
  • La ilaha illa Allah (Il n’y a de divinité qu’Allah)

Les écoles juridiques présentent certaines variations. L’école hanafite répète chaque phrase une fois, sauf « Qad qamati as-Salah » qui est dite deux fois. Les écoles malikite, chaféite et hanbalite préconisent généralement deux répétitions pour le takbir initial, puis une seule fois pour les autres formules exceptée « Qad qamati as-Salah ».

### Les variations de l’iqama selon les traditions

Les traditions régionales et confessionnelles influencent la récitation de l’iqama. Dans la tradition chiite, par exemple, on ajoute la formule « Hayya ‘ala khayril ‘amal » (Venez à la meilleure des œuvres) après l’appel à la réussite. Cette différence reflète des développements théologiques et historiques propres à cette branche de l’islam.

Dans certaines régions d’Afrique de l’Ouest, notamment pour les prières du Fajr (Subh) et du Isha (Guéwé), la récitation peut adopter une intonation particulière. Ces spécificités, transmises par des érudits comme ʿUqbah Ibn ʿÂmir, enrichissent la diversité culturelle islamique tout en préservant l’essence spirituelle de ce rituel préparatoire à la prière.

## Invocations recommandées entre l’adhan et l’iqama

L’intervalle entre l’adhan et l’iqama représente un moment privilégié pour les invocations et l’adoration personnelle. Selon un hadith rapporté par Al-Tirmidhi, le Prophète Muhammad a déclaré : « L’invocation entre l’adhan et l’iqama n’est jamais rejetée. » Cette période est donc particulièrement propice pour adresser des demandes sincères à Allah.

Parmi les invocations recommandées figure la prière sur le Prophète (salawat) : « Allahumma salli ‘ala Muhammadin wa ‘ala ali Muhammadin » (Ô Allah, prie sur Muhammad et sur la famille de Muhammad). Les fidèles peuvent également réciter la supplication spécifique : « Allahumma rabba hadhihi-d-da’wati-t-tammah, was-salati-l-qa’imah, ati Muhammadan al-wasilata wal-fadilah » (Ô Allah, Seigneur de cet appel parfait et de la prière établie, accorde à Muhammad l’intercession et l’excellence).

Les demandes de pardon (istighfar) et les invocations personnelles occupent également une place importante. C’est l’occasion de solliciter la miséricorde divine, la guidance et la protection contre les épreuves de ce monde et de l’au-delà, comme le recommandait Al-Nawawî dans ses enseignements sur les invocations.

### Attitudes recommandées entre l’adhan et l’iqama

Pendant cette période bénie, plusieurs pratiques spirituelles sont conseillées. La récitation du Saint Coran, particulièrement des sourates courtes comme Al-Fatiha, contribue à préparer l’esprit à la prière imminente. La méditation silencieuse sur les bienfaits d’Allah et la contemplation des versets coraniques renforcent la connexion spirituelle.

Les savants comme Ibn Qudâmah et ʿAtâ’ recommandent également d’effectuer des prières surérogatoires (Sunnah ou Nguenél) entre l’adhan et l’iqama, particulièrement avant les prières de Zuhr (Tissibar), Asr (Takoussan) et Maghrib (Timiss). Cette pratique, suivant l’exemple du Prophète rapporté par Al-Aswad, permet d’accroître la récompense divine et d’approfondir l’état de recueillement avant d’entamer la prière obligatoire.

Hajj et Omra – Devis Pèlerinage