Dernières nouvelles et réglementations pour les expatriés en Arabie Saoudite

Aisha Al-Abdullah

L’Arabie Saoudite abrite aujourd’hui environ 35% d’expatriés parmi sa population totale de 33,5 millions d’habitants. Cette importante communauté étrangère fait face à des changements réglementaires significatifs dans le cadre de la politique de « saoudisation » menée par le gouvernement saoudien. Ces mesures visent à favoriser l’emploi des citoyens locaux tout en régulant la présence des travailleurs étrangers dans le royaume. Pour les expatriés résidant en Arabie Saoudite, se tenir informé des dernières modifications législatives devient crucial pour naviguer dans ce paysage en constante évolution.

Réforme du système de visa : nouvelles restrictions et implications

Le ministère du Travail saoudien a récemment suspendu l’émission de visas familiaux à entrées multiples d’un an pour les ressortissants de 14 pays. Cette mesure affecte notamment les citoyens d’Inde, du Pakistan, du Bangladesh, d’Indonésie, des Philippines, du Vietnam et du Nigeria. Les autorités saoudiennes précisent que les visas déjà délivrés restent valables jusqu’à leur date d’expiration.

Les ressortissants de ces nations doivent désormais se tourner vers des visas à entrée unique, impliquant davantage de restrictions et de documents justificatifs. Cette modification complique considérablement les réunions familiales et augmente les contraintes pour les professionnels effectuant des voyages d’affaires fréquents.

  • Documents supplémentaires exigés pour les nouvelles demandes
  • Restrictions accrues sur les déplacements
  • Charges administratives supplémentaires pour les entreprises
  • Complexité accrue pour les réunions familiales

Bien qu’aucune explication officielle n’ait été fournie par le royaume, des analystes évoquent des préoccupations liées à la sécurité nationale et à la gestion de l’immigration. Les ressortissants des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et les personnes nées de mère saoudienne bénéficient d’exemptions à ces nouvelles mesures restrictives.

Conséquences pratiques pour les voyageurs

Les voyageurs professionnels et familiaux font face à une refonte complète de leurs habitudes de déplacement. Les visas à entrées multiples permettaient auparavant d’entrer en Arabie Saoudite plusieurs fois durant l’année sans renouvellement.

  1. Délais de traitement allongés pour chaque nouvelle demande
  2. Coûts supplémentaires pour les demandes répétées
  3. Incertitude sur l’approbation de chaque visa individuel

Ces modifications risquent d’affecter négativement le développement du tourisme saoudien, secteur en pleine expansion dans le cadre de la Vision 2030 du royaume. Les petites et moyennes entreprises subissent particulièrement ces contraintes, car beaucoup dépendent de voyages fréquents pour leurs opérations commerciales.

Transformation du marché du travail pour les expatriés

Le ministère du Travail saoudien a également instauré une limite de six ans pour la durée de séjour des expatriés dans le pays. Cette mesure s’inscrit dans une réforme profonde du marché de l’emploi visant à réduire le taux de chômage national qui dépasse actuellement 10%.

Un nouveau système de classification des entreprises a été mis en place, répartissant les sociétés en trois zones distinctes :

  • Zone rouge : interdiction de renouveler les visas expirés des travailleurs expatriés
  • Zone jaune : renouvellement limité aux expatriés présents depuis moins de six ans
  • Zone verte : conditions plus favorables pour l’emploi d’expatriés

Cette classification dépend directement du nombre de citoyens saoudiens employés par l’entreprise. Les travailleurs étrangers en zone jaune peuvent désormais changer d’employeur sans autorisation préalable s’ils trouvent un poste dans une entreprise classée en zone verte.

Par ailleurs, les entreprises doivent verser une taxe de 2400 riyals (environ 400 £) pour chaque expatrié employé au-delà du nombre de ressortissants locaux. Cette mesure vise à réduire l’écart financier entre le coût de la main-d’œuvre étrangère et nationale.

Impact sur les différents secteurs d’activité

Les secteurs fortement dépendants de la main-d’œuvre étrangère connaissent d’importantes perturbations. Toutefois, les grandes entreprises et projets d’investissement continuent de s’appuyer massivement sur les expatriés pour les grands chantiers de développement économique.

  • Secteur de la construction : forte dépendance aux travailleurs étrangers
  • Secteur technologique : recherche active de compétences locales
  • Services : transition progressive vers une main-d’œuvre saoudienne

Les expatriés contribuant au recrutement de travailleurs saoudiens bénéficient d’incitations, démontrant la volonté du royaume de faciliter une transition progressive plutôt qu’un changement brutal.

Droits et statut des expatriés en Arabie Saoudite

Un système de codification standard des professions a été établi tant pour les expatriés que pour les Saoudiens. Certaines fonctions sont désormais exclusivement réservées aux citoyens du royaume, notamment dans l’administration publique, la justice, la diplomatie et certains postes de direction.

  • Secteur administratif : majoritairement réservé aux Saoudiens
  • Domaine médical : encore ouvert aux expatriés qualifiés
  • Production et hôtellerie : forte présence étrangère
  • Médias et communication : transition vers une nationalisation

La question religieuse demeure sensible pour les expatriés non-musulmans. Tous les citoyens saoudiens sont considérés comme musulmans (85-90% sunnites et 10-15% chiites). L’islam wahhabite reste la seule religion pouvant être pratiquée publiquement, tandis que les autres cultes sont limités à la pratique privée.

Les communautés expatriées non-musulmanes peuvent généralement pratiquer leur foi dans l’intimité de leurs foyers ou au sein des missions diplomatiques. Cette tolérance discrète s’est améliorée depuis que les pouvoirs de la police religieuse ont été réduits en 2016.

  1. Les mosquées chiites sont autorisées mais restent limitées en pratique
  2. Les rassemblements chrétiens privés sont généralement tolérés
  3. Les manifestations publiques de foi non-islamique demeurent interdites

Évolutions récentes des droits des expatriés

En octobre 2017, le prince héritier Mohammed Ben Salmane annonçait la transition vers un islam « plus modéré » ouvert aux autres religions. D’un autre côté, les demandes de permettre aux chrétiens expatriés de pratiquer publiquement leur culte n’ont pas encore reçu d’approbation officielle.

  • Réduction des interventions de la police religieuse
  • Assouplissement progressif des restrictions sociales
  • Maintien des limitations sur les pratiques religieuses publiques non-islamiques

Les défis quotidiens auxquels font face les expatriés en termes de droits et d’intégration restent nombreux. Par contre, la transformation économique et sociale du royaume laisse entrevoir des perspectives d’évolution dans les années à venir, avec une probable réévaluation des politiques de visa et d’emploi.

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