Dans la continuité des discussions internationales sur les cryptomonnaies, une question spécifique se pose souvent : Le trading en bitcoin est-il conforme aux enseignements de l’Islam ? Selon plusieurs scholars islamiques renommés, y compris le Mufti Shaykh Shawki Allam, cette pratique pourrait être considérée comme « haram ». Dans cet article éclairant pour le blog Arabie-Saoudite.be, nous explorons les raisons pour lesquelles certains érudits musulmans pensent que le commerce de bitcoin ne respecte pas les principes de la Sharia.
Comprendre la nature du bitcoin
Pour avoir une vue d’ensemble plus large, il peut être utile de consulter des ressources telles que La tolérance religieuse en Arabie Saoudite, qui abordent différents aspects de la religion dans ce pays et peuvent fournir un contexte précieux pour comprendre les points de vue variés des scholars islamiques.
Le bitcoin comme actif numérique
Le bitcoin est souvent défini comme une cryptomonnaie. Il s’agit d’un actif numérique conçu pour fonctionner comme un moyen d’échange utilisant la cryptographie pour sécuriser les transactions, contrôler la création de nouvelles unités et vérifier le transfert d’actifs. Contrairement aux monnaies fiduciaires traditionnelles, le bitcoin n’est émis par aucune banque centrale, ce qui soulève de nombreuses questions sur son statut légal et religieux.
L’aspect décentralisé du bitcoin
Le modèle sous-jacent à la technologie du bitcoin est un registre décentralisé connu sous le nom de blockchain. Cette technologie permet aux transactions d’être enregistrées de manière transparente et immuable. Toutefois, cette absence de régulation centralisée rend également le bitcoin susceptible à diverses activités illégales telles que le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme – des préoccupations importantes dans l’analyse des scholars islamiques.
Les préceptes islamiques concernant la finance
Principes de riba
En Islam, l’un des concepts fondamentaux dans les transactions financières est le concept de riba, ou intérêt usuraire. La théorie économique islamique interdit toute forme de revenu garanti sans risque, considéré comme un gain injuste. Le bitcoin, avec ses fluctuations extrêmes de valeur, pose des questions quant à savoir si son achat ou vente constitue une forme de spéculation interdite ou gharar.
Gharar : incertitude et spéculation
Un autre principe clé dans la finance islamique est l’évitement du gharar, qui signifie incertitude, risque excessif, et spéculation. Comme souligné par Mufti Shaykh Shawki Allam et d’autres scholars, les investissements risqués et spéculatifs sont fermement interdits dans la Sharia. Le marché volatil du bitcoin, où les gains peuvent être soudains mais aussi les pertes énormes, peut être vu comme une spéculation risquée incompatible avec les teachings islamiques.
Cas concrets et opinions des érudits
L’avis de Mufti Shaykh Shawki Allam
Mufti Shaykh Shawki Allam a fortement mis en garde contre l’utilisation et le trading de bitcoins. Selon lui, les caractéristiques inhérentes au bitcoin, telles que son anonymat et sa capacité à faciliter des transactions illégales (par exemple, le blanchiment d’argent et le trafic de drogue), posent de nombreux problèmes éthiques et légaux. D’un point de vue islamique, tout bien ou service encourageant des comportements illicites doit être évité.
Comparaison avec d’autres actifs numériques
Pour comprendre pourquoi le bitcoin est spécifiquement ciblé par certains scholars, il est utile de le comparer avec d’autres actifs numériques. Contrairement à certaines autres cryptomonnaies, le bitcoin a été impliqué dans divers scandales criminels, décrédibilisant ainsi son intégration dans une société respectueuse des lois islamiques. Les chercheurs comparent souvent le bitcoin à des actifs comme l’or, l’argent ou même d’autres monnaies numériques comme l’Ethereum, moins stigmatisées.
Exemples pratiques et implications sociales
Le cas de l’Indonésie
S’inspirer de pays à majorité musulmane comme l’Indonésie offre une perspective globale sur le débat. En Indonésie, le gouvernement a pris des mesures strictes contre l’utilisation des cryptomonnaies comme le bitcoin, citant des préoccupations similaires à celles soulevées par les scholars saoudiens – notamment leur utilisation potentielle pour des activités criminelles et leur incompatibilité avec les principes financiers islamiques.
- Blanchiment d’argent : Permet la dissimulation des fonds illégalement obtenus.
- Financement de terrorisme : Peut être utilisé pour canaliser des fonds vers des groupes non autorisés.
- Absence de régulation : Crée un environnement propice aux abus et fraudes.
- Volatilité extrême : Expose les investisseurs à des pertes significatives instantanées.
La position des scholars ultraconservateurs
Les scholars ultraconservateurs mettent souvent en avant des arguments sociaux et moraux contre le bitcoin. Ils soulignent que l’économie islamique devrait promouvoir la justice sociale, l’équité et éviter les formes de richesses basées sur la chance. Selon eux, le bitcoin, en raison de sa nature spéculative, contribue à une répartition inéquitable des richesses et peut créer des écarts économiques importants.
Questions ouvertes et débats en cours
Divergence d’opinions parmi les scholars
Tous les scholars islamiques ne sont pas unanimes sur la question du bitcoin. Des voix dissidentes existent, arguant que tant que la technologie est utilisée à des fins licites et avec transparence, elle pourrait être acceptable. Certains scholars soutiennent la notion de “ijtihad” – l’interprétation personnelle basée sur le contexte actuel – pour adapter les anciennes règles islamiques à la nouvelle réalité technologique.
Recherches futures et évolution des modèles financiers
Comme toute technologie émergente, le futur du bitcoin et des cryptomonnaies en général dépend largement des recherches continues et des modèles financiers évolutifs. Les scholars suggèrent que les comités d’experts combinant des connaissances religieuses et technologiques pourraient éventuellement arriver à un consensus qui harmonise les innovations avec les valeurs islamiques.
Par conséquent, les écoles de pensée islamiques continuent d’étudier et de débattre la compatibilité du bitcoin avec les enseignements religieux, et il reste crucial d’écouter et de respecter ces discussions en cours. Partout dans le monde musulman, de l’Arabie Saoudite à l’Indonésie, les avis divergent, mais tous partagent une volonté commune : assurer que toute innovation économique respecte les valeurs et traditions profondes de l’Islam.